La loi El-Khomri/Gattaz/Macron est une attaque de l'oligarchie tellement frontale, violente, grossière et inconséquente, qu'il nous faut une métaphore pour en saisir pleinement l'insondable, insultante absurdité. Tentons d'appliquer sa "logique" au code de la route.

L’inversion de la hiérarchie des normes ➔ Un code de la route par voiture

C'est le cœur de cette réforme : un principe pervers qui, tel une araignée, liquéfie le corps de sa proie (le code du travail), la vidant de la substance, sans dégrader sa structure.

En l'état actuel, le code du travail constitue un socle de droits "plancher", que les accords de branche, d'entreprise, ou les contrats individuels, ne peuvent que faire évoluer au bénéfice du salarié.

Avec la loi El Kohmri. La philosophie du code du travail change radicalement : Les droits communs font désormais office de folklore, et peuvent être abrogés par un accord de branche, une convention collective, ou un "accord d'entreprise".

Ramené au code de la route, c'est comme si les communes pouvaient décider collectivement de porter la limitation de vitesse à 230 km/h sur leurs périphériques, ou d'instaurer la priorité à gauche à tous leurs carrefours, voire si les passagers d'une voiture pouvaient décider d'ignorer un feu rouge, à l'issue d'un vote à main levée dans l'habitacle.

Les auteurs de cette farce, invoquent la "démocratie" au sein de l'entreprise, se gargarisent de "référendum" et des vertus du "dialogue social".

Le "dialogue social" est un mythe sans corps, inventé par le patronat : Il n'y a pas de rapport d'égal à égal entre les salariés et leur direction. Il n'existe qu'un rapport de force inégal, une résistance partielle au chantage.

Un référendum dont l'initiative, le cadre et les options sont posées par le détenteur effectif d'un pouvoir, n'est pas démocratique : Il constitue la manifestation unilatérale de sa domination et assoie une soumission consentie.

Le "pouvoir" des salariés au sein d'un "accord d'entreprise" est comparable au pouvoir de négociation d'une Fiat Panda, tentant de s'insérer dans une file ininterrompue de poids lourds.

Les autres mesures de la loi ne sont que des diversions . Des diversions tellement ahurissantes, que le gouvernement n’espère certainement pas les faire passer. Ces mesures constituent uniquement des lests de négociation.

Le gouvernement utilise ici une méthode séculaire dite de "négociation de souk marocain" :

  • Ce tableau de Marrakech, fabriqué en chine, vaut 10 Dirhams
  • Le vendeur t'en demande 100 Dirhams
  • Si tu l'obtiens pour 50 Dirhams, tu n'as pas fait une bonne affaire : tu t'es fait enculer.

Pour cette raison, aucune négociation n'est envisageable: Nous devons exiger un retrait total de cette loi, et en profiter pour démanteler ce pouvoir de corrompus, de traîtres et de parvenus.

Plafonnement des indemnités prud’homales➔ Le syndicats des chauffards réclame le plafonnement des amendes

Cette proposition est démente de culot : Rappelons ici que nous parlons d'indemnités prud’homales, c'est à dire de sanctions financières, décidées par un juge, pour le viol manifeste du code du travail.

Nous sommes donc en présence d'un projet de loi, qui propose de plafonner par avance les peines d'une infraction, pour ne pas accabler les délinquants.

Le Medef s'érige ainsi en syndicat de malfaiteurs, défendant les intérêts de futurs délinquants du code du travail, et l'obtenant !

Imaginez un instant un syndicat des criminels de la route, plaidant contre la stigmatisation des chauffards, et exigeant de s'en tenir à de simple timbres-amende, quelque soit la gravité de l'infraction.

On nage en plein délire.

Pour soutenir l'emploi, licencions ! ➔ Pour réduire les accidents de la route, supprimons les limites de vitesse

A s'indigner sur chaque ligne de ce projet inique, on en oublierait presque que la finalité affichée cette lettre au Père Noël du Medef, est la lutte contre le "chômage de masse".
Chômage de masse qui, au passage, est parfaitement voulu et entretenu par cette même oligarchie : par le contrôle de l'inflation par la BCE, et la mise en concurrence "libre" de nos marchés avec les geôles d'esclaves de pays sans droit social. Rappelons d'ailleurs que ces salopards, qui signent d'une main la fin du code du travail, sous couvert de la lutte pour l'emploi signent de l'autre des accords de libre échange avec l'Ukraine ! Un pays dont le salaire médian est un tiers inférieur au salaire chinois. Peut on imaginer pire trahison ?

"Flexi-sécurité", "licencier pour embaucher" : Les défenseurs de ce texte Kafkaien (soit le gouvernement et son armée de journalopes) rivalisent d'oxymores, de novlangue et de contresens assumés pour forger l'opinion publique et faire accepter l'impensable.

La puissance des médias est telle que les contresens, répétés à l'infini et avec conviction comme des mantras, finissent par ne plus heurter le bon sens. Orwell serait terrifié par l'incarnation si parfaite de sa fiction :

  • La guerre, c’est la paix
  • La liberté, c’est l’esclavage
  • L’ignorance, c’est la force.

Ainsi donc, d'après cette logique shadokienne, Si les patrons n'embauchent pas, c'est parce qu'ils ont "peur" de ne pas pouvoir licencier en cas de problème (et non pas, comme on pourrait le croire naïvement, parce que leurs carnets de commande sont vides).

Shadok

Le dévoiement du sens des mots et le mépris de la logique sont tellement profonds, qu'il est difficile de transcrire l'essence de cette illogisme dans le code de la route.

Ça donnerait un truc du genre:

Si les gens roulent trop vite c'est parce qu'ils ont peur d'être en retard. S'ils avaient la possibilité de rouler très vite, ils n'auraient plus peur d'être en retard, et rouleraient moins vite. Pour réduire les accidents, supprimons les limitations de vitesse.

La loi El-Kohmri, c'est un adolescent cherchant sa baffe

On pourrait poursuivre ces analogies à l'infini (je vous invite à le faire en commentaires), et déconstruire chacune des lignes de cette loi. Mais, vous l'aurez compris, les mesures périphériques sont des leurres, du papier mouche à colère populaire, pour détourner l'attention loin du cœur de ce projet de loi, plus subtil et plus pervers : l’inversion de la hiérarchie des normes.

Je lis aussi dans ce projet de loi la manifestation d'un accès délirant, une crise mégalomaniaque clinique d'une caste dirigeante toute puissante, galvanisée par l'état d'urgence. La provocation de cette loi est tellement violente qu'elle appelle une réponse violente. Comme un adolescent en perte de repères, défiant l'autorité parentale par des comportements déviants, et cherchant sa baffe.

Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser [...] Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut, que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir
Montesquieu

L'oligarchie mérite une bonne baffe.

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